COSMETOLOGIE ET DERMATOLOGIE ESTHETIQUE
La stimulation électrique sous-cutanée telle qu’utilisée dans le Procédé Simonin (électroridopuncture depuis 1983) et sus-cutanée (Topderm depuis 1995) a pour indications le traitement du vieillissement de la peau, ptôses et rides, ainsi que des cicatrices non chéloïdiennes. Avec ce recul de plusieurs années et sur un grand nombre de cas, il apparaît que des résultats positifs se dégagent dans plus de 80% des cas après 10 ou 15 séances, maintenus par des séances d’entretien, sans contre-indication en raison de la remarquable tolérance. Si le mécanisme d’action en reste incomplètement élucidé, la réapparition de fibres collagènes élastiques dans les zones traitées est tout-à-fait probante.
Schnitzler L. et Simonin P. Stimulation électrique cutanée. Procédé Simonin. Encylopédie Médico Chirurgicale, 2000. Editions Scientifiques et Médicales Elsevier.
Mots clés : courants électriques pulsés, électroridopuncture, ERP-TopDerm, héliodermie, cicatrices, La stimulation électrique cutanée : Procédé Simonin
- I. INTRODUCTION
Le Procédé mis au point par Philippe Simonin en 1983 évolue avec les années mais les indications restent identiques: la lutte contre les effets de la sénescence cutanée et le traitement des cicatrices.
Le principe de cette méthode est actuellement basé sur deux techniques : une introduction transépidermique d’électrodes dans le derme et l’hypoderme, parallèlement à l’épiderme (électroridopuncture [ERP]). Cette technique ne fait pas l’objet de la commercialisation des appareils par P.S. Cosmétique Intrumentale S.A. En revanche, la deuxième technique, soit une stimulation électrique de la surface de la peau, anciennement TopDerm®, a été nettement améliorée afin d’obtenir des résultats beaucoup plus rapides et significatifs. Ces nouveaux appareils PS SimoDerm® Professional et PS Simoderm® Personal font l’objet d’une commercialisation par PS Cosmétique Instrumentale S.A.
- II. APPAREILS SIMONIN
Ce type d’appareil, qui ne fait pas pour l’heure l’objet d’une commercialisation par P.S. Cosmétique Instrumentale SA, délivre un courant galvanisé pulsé de forme rectangulaire, de basse fréquence, d’une intensité de 0 à 3 mA, d’une tension comprise entre 0 et 12 V. Les aiguilles, individuelles, en acier inoxydable, d’un diamètre de 2/10 mm, ont des pointes de 50 µm. Le courant est relié à des aiguilles multiples pour l’hypotonicité. Les autres caractéristiques sont les suivantes :
– ERP mono: fréquence 330 Hz ; durée: 8 s ; impulsion invariable : 1,4 ms ; période: 3,03 ms.
L’impulsion peut être répétée plusieurs fois sur une même zone, l’utilisateur se servant plutôt de la borne positive, la négative étant un peu plus douloureuse.
– ERP multi: fréquence 253 Hz ; durée: 8 x 3 min ; impulsion invariable: 1,4 ms ; période: 3, 95 ms, deux porte-aiguilles, chacun connecté à sept électrodes implantées symétriquement, sont utilisés en polarité alternative sur les zones de perte d’élasticité, en particulier l’hémiface inférieure, les tempes et le cou.
TopDerm (Procédé sus-cutané)
Ce type d’appareils, qui fait l’objet de la commercialisation par P.S. Cosmétique Instrumentale SA, soit l’appareil PS SimoDerm® et PS SimoHair® utilisés plus récemment, appliquent un traitement à la surface de la peau et non au-dessous de celle-ci. Ces appareils utilisent un courant périodique pulsé (alternatif) de 200 à 1200 V crête à crête. Période: 0,5 µs ; largeur de l’impulsion: 0,5 µm ; fréquence: 1 MHz. Les différentes électrodes passées sur la peau, en or 18 carats, sont de trois types principaux:
– cylindrique, la « roulette »: 200 à 500 V crête à crête, plutôt réservée aux rides et aux rides du cou ;
– bipolaire, la « luge »: 400 à 800 V crête à crête, pour le front, les zones périorbitaires et péribuccales ;
– monopolaire, le « triangle »: 600 à 1200 V crête à crête, utilisé en va-et-vient sur l’ensemble de la ptôse du visage et du cou.
Comparaison entre ces courants
La résistance de la peau est plus grande en surface qu’en profondeur (500 kO contre 5) et il existe des variations individuelles, suivant les zones testées, le type de peau, la taille et la forme des électrodes, conduisant à un ajustement de la tension.
- III. INDICATIONS
Sénescence cutanée
Monsieur Philippe Simonin a traité plus de 3 000 cas à Paris, Genève, Sarrebruck et Baden-Baden. Les deux méthodes, ERP (procédé sous-cutané) et TopDerm (procécé sus-cutané avec le PS SimoDerm® ), ont été utilisées chez des sujets âgés de 25 à plus de 80 ans, des femmes pour la plupart. Les patientes « types » sont des femmes ménopausées, bénéficiant du traitement substitutif hormonal, actives et désireuses de retarder les effets visibles de l’âge, sans toutefois être prêtes pour une chirurgie du visage ou un surfaçage laser. D’autres, au contraire, ont bénéficié de telles techniques mais veulent en entretenir les effets.
Cicatrices
Toutes les cicatrices peuvent être prises en charge quelles qu’elles soient avec les deux méthodes ERP et TopDerm (procédé sus-cutané avec le PS SimoDerm® ), sauf les chéloïdiennes vraies, dont la réponse a jusqu’à présent déçu.
Les cicatrices récentes ou anciennes, même considérées comme définitives par le chirurgien peuvent être traitées par les deux méthodes; il en est de même pour les cicatrices après un traumatisme, un acte chirurgical ou une dermatose (zona, varicelle, acné, pore dilaté de Winer).
Modalités thérapeutiques
Pour le PS SimoDerm® Professional, destiné aux professionnels de l’esthétisme, une séance d’environ 30 minutes comprend le traitement de l’intégralité du visage, du cou et du décolleté, parfois des mains effectué par un praticien dûment formé. En général, 3 séances à 15 jours d’intervalle permettent de constater rapidement les effets positifs sur la peau. Puis une séance d’entretien, tous les mois ou deux mois, conforte le résultat obtenu face à un processus de vieillissement quotidien. Des photos comparatives établies sur une vingtaine d’années sur des patients n’ayant subi aucune intervention, injection, peeling et lifting permettent de démontrer le bienfondé de ce Procédé.
Pour les rides, chaque séance d’au moins 30 minutes comprend le traitement de l’intégralité du visage et du cou, parfois du décolleté (ERP ; TopDerm) ; dix séances en moyenne sont pratiquées au départ, sur une période idéalement étalée sur 6 à 8 semaines, au terme desquelles, si une réponse nette et photographiante a été constatée (diminution visible des rides et palpable de la ptôse), des séances d’entretien sont poursuivies, au rythme du patient, en fonction de la vitesse du vieillissement.
Pour les cicatrices, six à huit séances suffisent en général pour obtenir satisfaction (comblement d’une dépression, aplanissement d’un relief disgracieux, assouplissement d’une zone scléreuse).
Pour le PS SimoDerm® Personal, destiné aux particuliers, après avoir réglé l’intensité idéale, l’utilisateur effectuera sur lui-même le traitement en appliquant la luge (électrode bipolaire) le long des rides de son visage; il en sera de même pour le triangle (électrode monopolaire) en repassant l’ensemble du visage et du cou avec un léger mouvement de va-et-vient. Il est recommandé d’utiliser pendant 3 minutes chacune des électrodes en or 18 carats deux fois par semaine et ce, toute la vie, pour ralentir efficacement le processus de vieillissement quotidien.
- IV. RESULTATS
Deux tiers des patients réagissent positivement à la stimulation électrique après dix séances et un plus grand nombre après un traitement régulier au long cours, mais 10% environ sont totalement non répondeurs, sans que l’on puisse les détecter à l’avance.
Chez les sujets répondeurs, on constate que dans l’ensemble, le visage paraît plus jeune (ovale mieux dessiné, cou plus ferme et joues moins creuses). Des rides profondes, qui persistent surtout à la mimique, sont moins accentuées de même que les rides moyennes : des ridules ont disparu. Il existe curieusement une certaine inégalité de réponse :
– pour un même visage, certaines zones répondent mieux que d’autres ;
– dans le temps, certains patients voient des améliorations dès la sixième ou septième séance , d’autres pas avant la quinzième, voire quelques mois après, alors que le traitement a été interrompu. L’amélioration sur le long terme incite à des séances régulières d’entretien.
Cicatrices
L’effet est constaté dans les mêmes proportions mais plus rapidement, les meilleurs résultats étant observés sur les anciennes cicatrices, fibreuses et rétractées, qui deviennent plus souples et dont la dépression peut se combler totalement. Quand il se produit, le résultat bénéfique est permanent.
Effets secondaires
Ils sont inexistants, sans érythème durable après les séances, permettant la reprise quasi immédiate de l’activité, sans troubles pigmentaires, autorisant la pratique du traitement même l’été et chez des sujets pigmentés et évidemment sans cicatrice, ce que l’on constate lors des suivis sur plusieurs années.
- V. COMMENTAIRES
Le mode d’action de la stimulation électrique cutanée est complexe et multifactoriel et les études fondamentales encore insuffisantes à ce sujet. Pour notre part, avec Philippe Simonin, nous avons conduit quelques investigations essentiellement cliniques avec l’ERP, le TopDerm n’étant pas encore commercialisé.
Traitement unilatéral
En 1984-1985: sur cinq patients et dix séances, la différence fut indiscutable, visible et apparente sur les photographies comparatives, entre le côté traité et non traité. En 1987: dix cas ont fait l’objet d’une étude menée sur les pattes d’oie, avec introduction d’aiguille, sans stimulation électrique d’un côté, avec stimulation de l’autre. Dans la plupart des dix cas, après dix séances et surtout 3 mois après l’interruption du traitement, une différence significative à la loupe binoculaire des empreintes comparatives a été observée, l’amélioration du côté stimulé contrastant avec l’état inchangé, voire aggravé de l’autre.
Traitement du visage dans son intégralité
En 1986: sur quatre patients, études histochimiques quantitatives (Inserm, L. Robert, Paris), avec appréciation du microrelief tridimensionnel, coupes semi-fines, étude ultrastructurale de la peau conduisant à suspecter, mais sans le démontrer en raison du nombre trop restreint de cas, une réorganisation des structures dermoépidermiques similaire au processus de cicatrisation tissulaire.
En 1987: sur dix patients, mesure de l’élasticité cutanée (« twistomètre ») au niveau du cou, avant, après dix séances et après 3 mois sans traitement, montrant une amélioration rémanente dans un certain nombre de cas, mais il n’a pas été matériellement possible de poursuivre la recherche dans cette direction.
En 1994: analyse profilométrique à l’analyseur d’image sur des empreintes conservées entre 1985 et 1986 à partir de 33 patients traités sur dix séances, objectivant ce que l’on avait déjà conclu « à l’oeil nu », à savoir une amélioration mesurable de plus de 15 % du relief cutané dans plus de 70 % des cas (diminution de la rugosité de 18 %, de l’amplitude de 7 %, de la profondeur de 19,3 %).
Conclusions
De nos constatations cliniques et des quelques travaux menés à bien, il nous est apparu que la stimulation électrique cutanée telle que mise au point par Philippe Simonin a une action positive sur les fibroblastes et probablement les substances fondamentales conduisant à la production de néocollagène et de tissu élastique, seule explication des résultats cliniques observés dans le traitement du vieillissement cutané et des troubles de cicatrisation .
Stimulation électrique en recherche fondamentale
Surtout aux États-Unis, elle fait l’objet de nombreuses études depuis des années, sur l’animal essentiellement. Certains abordent les effets des courants électriques pulsés sur des cultures de fibroblastes humains, démontrant qu’ils augmentent la synthèse protéique des fibroblastes et leur activité nucléoplasmique conduisant à l’accélération du processus de cicatrisation. Plus récemment, ont été publiés des travaux à double insu sur la cicatrisation d’escarres de décubitus de stade II et III chez l’homme, celle-ci étant obtenue dans 58 % des ulcères du groupe traités par le courant électrique contre 3 % chez les patients traités seulement par les thérapeutiques classiques.
De tels résultats ont conduit les auteurs à des études chez l’animal, qui ont montré contre témoins l’augmentation de 62 % de l’activité de la thiorédoxine réductase, ainsi que l’augmentation de l’expression des récepteurs transforming growt/J factor (TGF) bêta, lesquels jouent un rôle actif dans la cicatrisation. Ils émettent ainsi l’hypothèse que la croissance des fibroblastes et des kératinocytes peut être initiée par ces courants électriques pulsés de faible intensité, qui respectent les membranes et facilitent les transports ioniques, conduisant à une amélioration de l’homéostasie calcique et à une augmentation de la synthèse d’acide adénosine triphosphorique (ATP) et de protéines.
Courants électriques pulsés dans les autres pathologies
Déjà au siècle dernier, la galvanothérapie avait été utilisée; un Français, Lefort, se servait d’électrodes en or pour consolider les fractures. Depuis 1955, des courants électromagnétiques pulsés sont employés pour les pseudarthroses ou fractures non consolidées. Récemment, est rapporté l’effet bénéfique de la thérapie par signal pulsé dans la maladie ostéoarticulaire (arthrose du genou), l’hypothèse avancée étant la production de collagène et de protéoglycanes au niveau du cartilage. Rappelons aussi la diffusion de ces faibles voltages en neurologie et urologie.
- VI.CONCLUSION (E.M.C – Encyclopédie Médico-Chirurgicale)